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LEJANÍAS


(ABSENCES)
Manuel Espinoza Orellana

Mirada

Alguien nos ve
desde la otra acera
y somos una sombra
en sus ojos
interrupción de un instante
bajo el sol

pero aún en ese lapso
hemos ganado algo
y algo hemos perdido

fuimos para alguien
en un segundo una imagen
que antes no existía
y hemos perdido de ella
lo que jamás estará
en nuestra mirada

 

Regard

Quelqu'un nous regarde
depuis l'autre trottoir
et nous sommes une ombre
dans ses yeux
interruption d'un instant
sous le soleil

mais encore en cet instant
nous avons gagné quelque chose
y quelque chose nous avons perdu

pour quelqu'un nous avons été
dans une seconde une image
qu'avant n'existait pas
et en elle nous avons perdu
ce qui ne sera plus jamais
dans notre regard

 

Sólo mirada

Línea secreta
mirada perpendicular en alturas
que la copa del árbol marca

alas trazan curvas más allá
donde la distancia es negación

las pupilas alimentan zigzag
de un rayo imaginario
que la palabra hiere

y la incertidumbre cierra el círculo
dentro del cuadro
cuando el humo deshace la mañana
en el espejo

 

Seulement le regard

Ligne secrète
regard perpendiculaire en hauteurs
que la coupe de l'arbre trace

des ailes qui tracent des courbes au-delà
où la distance est négation

les pupilles nourrissent le zigzag
d'un rayon imaginaire
que le mot blesse

et l'incertitude ferme le cercle
dans le tableau
quand la fumé défait l'aube
dans le miroir

 

Irrefutable

Poema para cantar
musiquilla celeste
enturbia el vacío

Grítase no hay en las pupilas
la dureza del día
sólo el fantasma desvencijado
del credo
el hambre de estar situado
fuera del tiempo
en la esquina azul de lo eterno

más la risa funciona
entre lágrimas de adiós
frente a lo irrefutable

 

Irrefutable

Poème destiné au chant
musiquette bleue
trouble le vide

on crie qu'on ne trouve pas dans les pupilles
la dureté du jour
seulement le fantôme détraqué
du credo
la famine d'être situé
hors du temps
à l'endroit bleu de l'éternel

cependant le rire fonctionne
entre des larmes d'adieux
devant l'irréfutable

 

Inútil

Despojas en la mente
cenizas de miradas oscuras
luz escondida tras los cerros

donde todo es no hay nada

y la puerta negación
sordidez del vacío

solamente aire hiere la piel de esperar

pregunta
terrón de azúcar en el agua

 

Inutile

Dépouillement de la pensée
cendres des regards obscurs
lumières cachées derrière les collines

où tout se trouve c'est le néant

et la porte négation
Sordidité du vide

Seulement l'air blesse la peau de l'attente

question
morceau de sucre dans l'eau

 

Reiteración

Ataúd de hojalata
encierra ideas de ayer
formas deshojadas en otoños tristes
palabras danzan
en ventoleras tibias de abril

Siembra su luz mortecina el recuerdo
mustio esfuerzo de las horas
perdurable detención
en lunáticas tristezas

todo es humo en chimeneas grises
el espejo en su pálida faz
deshace la imagen del movimiento

y las pupilas reflejan
del otro lado su reiteración

 

Réitération

Cercueil de fer-blanc
renferme les idées d'hier
des formes effeuillées en automnes tristes
les mots dansent
en bourrasques froides d'avril

le souvenir sème sa lumière funèbre
effort flétri des heures
éternel arrêt
des lunatiques tristesses

tout est fumé en cheminés grises
et le miroir dans la pâleur de sa face
défait l'image du mouvement

les pupilles reflétant
de l'autre bord sa réitération

 

Hórrida espera

En horas vespertinas
hórrida espera
cuando la tarde anuncia sombras
entre las sombras
de un pasado muerto

qué inútil empeño
si sólo la palabra confidencia
lo imposible

ella no es más que un fluido ocasional
de la memoria
intento de rehacer lo perdido

forma del tiempo
la espera pierde en cada segundo
su eternidad

 

Horrible attente

Aux heures du soir
horrible attente
quand le soir annonce les ombres
entre les ombres
d'un passé qui est déjà mort

quel inutile acharnement
si seulement le mot révèle
l'impossible

elle n'est plus qu'un flux occasionnel
de la mémoire
tentative de refaire le passé

Forme du temps
l'attente perde dans chaque seconde
son éternité

 

Olvido

Dura costra el olvido
pegado en la piel
engendra la nada


obstinación del tigre en la pupila
interroga el horizonte

allí el sol crea la niebla del pasado
y un espejismo es la figura gris
de las horas que llevó el viento

Ah qué recuerdo es aquel
que inventó la memoria
en silencio nocturno

imagen de un minotauro
en su laberinto se pierde a sí mismo
en la desazón de su vacío

 

Oubli

Dure croûte l'oubli
collé à la peau
engendre le néant

obstination du tigre dans la pupille
interroge l'horizon

là le soleil crée le brouillard du passé
et un mirage est la figure grise
des heures qui a emporté le vent

Ah quel souvenir celui-là
qui a inventé la mémoire
dans le nocturne silence

image d'un Minotaure
dans son labyrinthe perdu lui-même
dans la fadeur de son vide

 

Vertedero de sombras

Vertedero de sombras
bajo la luz
la esperanza es una ave gris


indoloro albur mata suavemente
en la profundidad
de un silencio propicio


y las pupilas estrábicas giran
Sobre sí-mismas
buscan en el olvido la razón


mas la ceguez en la flor
es su pálida belleza
y el jardín muestra su marchitez
entre sombras noctámbulas

y las adormideras extienden
su flujo invisible hacia la vida

 

Déversoir d'ombres

Déversoir d'ombres
sous la lumière
l'espoir est un oiseau gris

indolore hasard tue doucement
dans la profondeur
d'un silence propice

et les pupilles strabiques tournent
sur elles-mêmes
cherchent dans l'oubli la raison

mais la cécité dans la fleur
est sa pâle beauté
et le jardin montre sa fadeur
entre les ombres noctambules

et les somnolences étendent
leur flux invisible vers la vie

 

Vuelta a decir

Dijo vendría temprano
y se ruborizó así nomás
que dulce congoja pensó
mientras su paso
por la vereda del frente
se alejaba
rosada incógnita
y arriba el farol de siempre
dulzura tierna de arrabal
y un cuchillo en pleno pecho
sabe usted que no sabemos quién
las vocales caen una a una sobre sí mismas
y las consonantes dicen pío

 

Le dire encore

Il a dit qu'il viendrait tôt
et il a rougi simplement
Il a pensé quelle douce tristesse
pendant que son pas s'éloignait
dans le trottoir d'en face
rose inconnue
en haut le lampadaire habituel
douceur tendre du faubourg
et un couteau en plein poitrine
Savez-vous nous ne savons pas qui
les voyelles tombent une à une sur elles-mêmes
et les consonnes ne piaulent pas

 

Devastación

Enjambre de langostas
van hacia el norte
y el sol dibuja horizontes de luz

teñidos de inminencia
cautiva la mirada
y la devastación es una ruda cruz

rostros de madera brotan del árbol
y la soledad marca huellas azules

el peregrino pasa
y los cielos esconden vacíos

alguien ríe como ayer
y gotas de recuerdos
cual perlas caen a sus pies

 

Dévastation

Cohue de langoustes
allant vers le nord
le soleil dessinant des horizons de lumière

teintés d'imminence
captif le regard
et la dévastation est une âpre croix

des visages en bois émergent de l'arbre
et la solitude imprime des traces bleues

le voyageur passe
et les cieux cachent le néant

quelqu'un rit comme hier
et les gouttes des souvenirs
comme des perles tombent à ses pieds

 

Cantar por nada

Recogimiento
de silencio
donde el límite se
diluye en el sol
donde cae el vacío
y en un segundo pasan horas
y las palabras van y llenan de círculos
el cielo


Cantar en el interior de un espejismo
donde todo pensamiento es una flor
y toda flor una certeza
y si nada es como lo vemos
algo ha de haber en un lugar
que la mirada puede encontrar

 

Chanter inutilement

Recueillement dans une zone
de silence
où la limite se
défait sous le soleil
où tombe le néant
et dans une seconde les heures s'en vont
le vent emportant les mots
comme des oiseaux gris semant le ciel
d'anneaux

chanter à l'intérieur d'un mirage
où toute pensée est une fleur
et toute fleur une certitude
et si rien n'est pareil à notre regard
il doit exister quelque chose quelque part
que le regard puisse retrouve

entre des gaies couvertures

et la vie s'échappe de même
par la fenêtre
sans encourager la bonne
habitude de méditer

 

Perro del tiempo

Muerde sus zapatos de caminante
detenido está en el aire
de una luz azul
y lame obstinado

quiere vivir en el lugar
de las iniciaciones
donde se justifica el dolor
y se deshace en la niebla la alegría

siente el futuro de su derrota
en el horizonte
en el que la partida
es el punto de las indecisiones

y el sol no basta para iluminar
las pupilas ciegas de esperanza

animal de duras crines
va entre recuerdos
ante espejos en que todo es imposible

 

Temps de Chien


Mord ses souliers de voyageur
détenu se trouve dans l'air
d'une lumière bleue
et lèche obstiné l'oubli

il veut vivre au lieu
des initiations
où se justifie la douleur
et se défait dans le brouillard la joie

il sent le futur de sa défaite
dans l'horizon
où le lieu de départ
est le point des indécisions

et le soleil ne suffit pas à illuminer
les pupilles aveugles d'espoir

animal des durs crins
va entre souvenirs
devant des miroirs où tout est impossible

 

Hastío

Se busca la palabra
que salvando la tarde
simule ser el orden de la vida

y en la tarde rosada
con sol de primavera
vemos sólo la prisa
de un pájaro en el aire

y en esa blanda atmósfera
las palabras ausentes
no acuden al llamado

clima de biblioteca
sólo silencio pone
y el pensar es un pozo
vacío de conceptos
anárquicas miradas
sobre los anaqueles
las palabras no juegan
a ponerse muy sabias
confundidas están
entre alegres portadas

y la vida se escurre igual
tras la ventana
sin sostener la sana
costumbre de pensar

 

Lassitude

On cherche le mot
qui rachetant le soir
puisse faire paraître l'harmonie de la vie

mais au cours du soir rose
sous un soleil de printemps
nous voyons seulement l'impétuosité
d'un oiseau en plein vol

et dans cette souple atmosphère
les mots absents
n'entendent pas l'appel

décor de bibliothèque
souligne le grand silence
et la pensée est un puit
vide des concepts
regard anarchique
sur les étagères
les mots ne jouent pas
à devenir très savants
confus se trouvent

 

 

 

Manuel Espinoza Orellana, escritor y crítico literario chileno, nacido en Valparaíso, sus textos son conocidos en Latinoamérica, Europa y América del Norte, colaborando asiduamente con revistas y periódicos internacionales. Ha mantenido una comunicación epistolar con Humberto Díaz Casanueva, Ludwig Zeller, Pedro Lastra y Waldo Rojas. Sus textos críticos giran en torno a la escritura de grandes talentos literarios, entre sus estudios podemos citar la obra de Diamela Eltit, Humberto Maturana, Enrique Lihn, Octavio Paz, Dürrenmatt, Marguerite Yourcenar, Felix Guattari, Waldo Rojas y otros. Actualmente, vive en la ciudad de Villa Alemana, Chile y continúa su labor de investigador y crítico literario infatigable.

 

 


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LEJANÍAS (Absences)
Manuel Espinoza Orellana.
Cielo raso ediciones.
Montreal 2005